L’oreille du plongeur, partie 3 : l’oreille interne (Par Romain G. Le Zident)
Schéma 1 : L’oreille interne
C’est une des parties les plus complexes du corps humain, elle fait suite à l’oreille moyenne avec laquelle elle correspond par la fenêtre ovale. Elle se compose de deux parties, l’une dévolue à l’audition et l’autre à l’équilibre et à la sensation d’accélération.
La partie dévolue à l’audition se compose de la cochlée osseuse apparaissant comme un escargot d’une spirale de deux tours et demi contenant le labyrinthe membraneux sorte de conduit divisé en deux, à double révolution (comme l’escalier du château de Blois) et communiquant au sommet de l’escargot cochléaire et se terminant dans la caisse tympanique au niveau de la fenêtre ronde occlue par une fine membrane. [Schéma 2]
Schéma 2 : Section axiale de la cochlée
Schéma 3 : Les cils sensitifs de l’organe de l’audition schéma et microscopie électronique
La membrane contenue dans ce labyrinthe est tapissée de petits cils. [Schéma 3]
Les acteurs sont en place : Lorsqu’un son parvient à l’oreille il est canalisé par le pavillon vers le conduit auditif externe et le tympan, le faisant vibrer. Le tympan transmet la vibration à la chaîne des osselets, malleus (marteau), incus (enclume) et stapès (étrier) après l’avoir amplifié grâce au muscle tenseur du tympan qui agit comme s’il tendait la membrane d’un tambour. Le stapes qui occlue la fenêtre ovale de la cochlée transmet ainsi les vibrations à la colonne liquide qui remplit le labyrinthe mettant en mouvement les petits cils qui le tapissent [Image 3]. L’influx nerveux ainsi généré est transmis au cerveau en empruntant le faisceau cochléaire du nerf auditif. Les vibrations trop intenses correspondant à un bruit d’intensité élevée sont amorties par la contraction du muscle du stapes, c’est le reflexe stapédien.
Lorsque trop fort vient faire vibrer trop fortement le stapes contre la fenêtre ovale, si le muscle stapédien ne se contracte pas assez, la vibration est transmise à la fenêtre ovale pouvant la perforer. La transmission par le liquide se faisant intégralement une rupture de la fenêtre ronde peut aussi se produire provoquant une fistule de liquide périlymphatique. Une manouvre de Valsava sur une oreille “qui ne passe pas » peut produire le même résultat, réalisant un véritable coup de piston de l’étrier avec surdité et séquelles parfois définitives.
Ce type d’accident, grave survient par exemple lors de la rupture d’un élément haute pression (premier étage, manomètre…) proche de l’oreille. C’est la raison pour laquelle il est interdit d’écouter une fuite pour localiser son origine. La cochlée est donc concernée essentiellement par les barotraumatismes. La prise en charge relève d’un spécialiste ORL. Rien ne doit être mis dans l’oreille et seuls les antalgiques sont autorisés.
La partie vestibulaire de l’oreille interne se compose de deux parties. Deux « poches » l’utricule et le saccule tapissés de cils attachés à de petites pierres microscopiques (otolithes) sont les organes de l’accélération linéaire, angulaire et pendulaire. Ils sont peu impliqués dans les problèmes de plongeurs.
L’autre partie est constituée des 3 canaux semi circulaires orientés dans les 3 directions de l’espace détectant les mouvements de la tête et sont responsables de l’équilibre ici encore par le mouvement communiqué à de petits cils intra canalaires générant un influx nerveux qui rejoint le cerveau par le nerf vestibulaire qui rejoint le contingent cochléaire pour constituer le nerf auditif.
Lors d’une embolie gazeuse survenant au cours d’une surpression pulmonaire ou d’un accident de désaturation, surtout si un PFO (patent foramen ovale : communication entre les oreillettes du cœur dont on parlera prochainement) est présent, les bulles d’azote se dirigent préférentiellement du côté droit et vont obstruer les vaisseaux irriguant le vestibule provoquant des troubles de l’équilibre, des vertiges et des vomissements. Ils font partie des accidents neurologique de type 2.
La prévention de ces accidents est celle de tous les accidents de désaturation et passe par le respect des procédures de désaturation et leur adaptation à la condition physique du plongeur (âge, surpoids, fatigue – sous entrainement…) qui doivent amener au durcissement des paramètres de décompression.
La prise en charge de ce type d’accidents relève de l’oxygénothérapie normobare sur le lieu de l’accident et l’évacuation vers un caisson de recompression thérapeutique. Les boissons peuvent être tentées mais souvent le patient est nauséeux et vomi. La position demi-assise est la mieux supportée si la victime est consciente.
Laisser un commentaire
Vous devez être identifié pour poster un commentaire.