Le mot du médecin (Par Romain G. Le Zident)

L’oreille du plongeur est soumise à de multiples agressions liées à la profondeur ou/et à la qualité de l’eau par laquelle elle est irriguée. Comme vous le savez tous l’oreille est composée de 3 compartiments aux pathologies distinctes.

L’oreille externe conduit allant du pavillon au tympan, l’oreille moyenne qui va du tympan a l’oreille moyenne est constituée depuis le tympan de la chaîne de transmission des osselets (marteau – enclume – étrier) et de la trompe d’Eustache et de l’oreille interne qui va de la fenêtre ronde au nerf auditif et qui comporte les canaux semi-circulaires contrôlant l’équilibre et la cochlée, organe de l’audition. De ces deux organes partent respectivement les nerfs vestibulaires et cochléaire qui se fondent en un seul et unique nerf auditif. Toutes les parties de l’oreille sont concernées par la plongée selon des mécanismes divers. Je vous propose de vous parler de l’oreille au cours des 3 Newsletters suivantes.

Commençons à parler de l’oreille externe.

Oreille Interne

L’oreille externe est constituée du pavillon et du conduit auditif externe. Elle permet de localiser les sons en les captant et en les amplifiant, comme avec un cornet acoustique. Elle les amplifie au maximum de 20 décibels pour les fréquences entre 2000 et 3000 Hertz.

L’oreille externe est au contact direct de l’eau de mer qui dans les pays tropicaux est chargée en particules, plancton, particules de corail, irritantes pour le conduit auditif. L’humidité hors de l’eau et la chaleur favorisent les proliférations bactériennes, voir fongiques et peuvent produire une infection du conduit auditif externe (CAE) responsable d’une inflammation connue sous le nom d’otite externe. Cette otite externe est particulièrement douloureuse et invalidante, même si sa gravité est moindre que l’otite moyenne ou interne.

Son diagnostic est simple en l’absence de barotraumatisme auriculaire mais beaucoup plus complexe en cas de barotraumatisme associé !

Il existe une douleur intense de l’oreille exacerbée par la traction sur le pavillon et par la pression du conduit auditif sous le lobe du pavillon de l’oreille. La muqueuse du CAE est enflammée et hypertrophiées par l’œdème et on ne peut rien introduire dans le CAE sans déclencher une douleur intense. L’otoscopie est souvent impossible. Dans les cas plus évolués un écoulement trouble, voir purulent est constaté.

Il existe une grande différence de prédispositions à l’otite externe souvent liées à une anomalie anatomique du CAE qui peut être plus ou moins oblique, étroit ou rétrécit par une exostose. Une chose est sûre, quelqu’un qui a fait une otite externe lors d’une plongée en refera certainement ultérieurement et des mesures prophylactiques s’imposent.

Les mesures à prendre en cas de survenue sont :

  • Arrêt des plongées
  • Avis médical si possible
  • Traitement antibiotique local par des gouttes auriculaires de type Ofloxacine auriculaire (sur ordonnance) et/ou par des gouttes auriculaires de type Panotile comportant un antibiotique et un anti-inflammatoire (corticoïde) associé à un anesthésique local.
  • En cas d’exacerbation ou de non-amélioration une antibiothérapie peut être envisagée par exemple par Augmentin ou pyostacine (attention aux interactions médicamenteuses avec d’autres médicaments avec la pyostacine notamment avec les antirétroviraux.) Ces médicaments sont sur ordonnance. Dans tous les cas un avis médical est nécessaire le plus rapidement possible, au pire en fin de croisière.

La prévention est essentielle pour éviter de gâcher un voyage de rêve :

  • Bien rincer les oreilles à l’eau douce et propre (plutôt que la stab ou la combinaison)
  • Bien sécher les oreilles après rinçage pour éviter toute macération humide
  • Instiller de l’alcool boraté à saturation après les rinçages et séchage d’oreille (à commander en pharmacie). L’avantage de l’alcool est de dessécher le CAE, si son instillation provoque une brûlure, c’est que l’otite externe débute et le recours à une antibiothérapie locale est à envisager
  • Enfin on ne le répétera JAMAIS ASSEZ, tout usage du coton tige est à proscrire chez le plongeur y compris pendant les périodes hors plongée. Enlever le cérumen, cire qui protège naturellement la paroi du conduit auditif des agressions est un absolu non-sens.